Lois Weinberger © Frédéric Seguette

Lois Weinberger

Portable Garden

L’œuvre Jardins portables de Lois Weinberger est composée de simples sacs de transport qui connotent, à travers leur économie de moyens, les strates sociales, le dénuement, l’immigration et la mobilité dans un contexte de globalisation. Disposés dans une parcelle urbaine du 19ème arrondissement de Paris, l’artiste propose de s’en servir comme jardin pour les graines qui sont amenées naturellement par le vent et les oiseaux.
À partir de leur installation et de leur remplissage avec de la terre provenant de friches urbaines, les plantes poussent librement et s’enracinent, faisant disparaître progressivement les sacs. Au fil des saisons, leur présence est amenée à devenir invisible, cultivant ainsi un jardin immatériel dont l’exploration se fait de plus en plus par la pensée plutôt que par la vision.
L’œuvre interpelle le passant et incite une réflexion sur les analogies entre nature et culture, les manières d’envisager et habiter un espace urbain, la diversité et le regard porté sur ce qui est considéré comme étant étranger, que ce soit dans le règne végétal ou la société humaine.

Lois Weinberger
Portable Garden (1994)
FNAC 2016-0516
Prêt du Centre national des arts plastiques pour un an.
© droits réservés / Cnap

Lois Weinberger

Né en 1947 en Autriche dans une famille de paysans, Lois Weinberger convoque dans son travail agriculture, botanique, réflexion sociétale et engagement politique. Pour cet artiste, les plantes rudérales (du latin ruderis : décombres) sont la matière première d’une œuvre qui prend différentes formes : peintures, dessins, photographies, vidéos, sculptures, installations, jardins et interventions dans l’espace public. L’artiste s’attache à glorifier les laissés-pour-compte, les surnuméraires du monde végétal domestiqué par l’Homme qui s’affaire à les éradiquer. Ce faisant, il oppose la nécessaire biodiversité à la hiérarchisation et à la sélection des espèces pratiquées par les botanistes. Des objets et rebuts oubliés après enfouissement aux plantes rudérales, images des migrants qui essaiment dans nos territoires et qui – pour peu qu’on leur accorde la liberté d’y entrer – enrichissent nos cultures, Lois Weinberger rappelle que la vie est mouvement et diversité, entropie et transformation, et qu’aucune société ne saurait survivre dans l’immobilisme, le protectionnisme ou l’exaltation de la pureté. Son œuvre hautement métaphorique et poétique nous invite à ne pas oublier l’envers du paysage.