Nothing But Fingers – Moe Satt

© Eliane Rutishauser
dimanche 7 septembre, 15h
35 minutes
à partir de 3 ans
Performance Moe Satt, Liah Frank
Production Studio Moe Satt
Nothing But Fingers est une performance développée à partir d’une recherche sur les gestes de mains utilisés dans la communication de chasse en Afrique du Sud et dans la danse traditionnelle de Birmanie et d’Asie du Sud-Est, où les gestes humains peuvent adopter des formes animales. Avec la danseuse Liah Frank, Moe Satt explore le potentiel expressif des mains et leur faculté à diriger l’énergie à travers le corps. Une chorégraphie délicate, dans laquelle les mains commandent le reste du corps jusqu’à l’abandon total.
Même si je dis que c’est urbain, ça ressemble vraiment
À une forêt profonde/
Je ne suis pas sûr moi-même
Comment se transformer en chasseur et en proie/
Le perdant tombera de la scène de chasse-danse
Si tu as la force de chasser, tu seras récompensé/
Comme un éléphant, comme un cerf parmi une foule
Sois un tigre et survis /
Tu es né pour porter la douleur dans tes sabots…
Extrait de la chanson Hunting Dance de Lay Phyu [adapté du birman].
« Nothing But Fingers est un projet de recherche qui explore la relation entre les êtres humains et les animaux. J’ai commencé à travailler avec des gestes et des mouvements de la main en 2005. Mon intérêt pour les représentations d’animaux par des gestes est lié à mes études universitaires en zoologie à l’université d’East Yangon, où j’ai obtenu une licence. Nothing But Fingers est en quelque sorte une métaphore, ou une trace, de mon expérimence dans ce contexte.
L’idée initiale provient d’Hunting Dance, une chanson de rock birman. Les deux mots du titre ont été considérés comme des entités distinctes, « chasse» et «danse», tandis que le travail de création s’est appuyé sur deux ouvrages : le premier portait sur la culture de la chasse en Afrique depuis l’âge de pierre jusqu’à nos jours, l’autre sur la danse au Myanmar. Les chasseurs utilisent des signes de la main pour se signaler l’animal qu’ils ont repéré, tandis que la danse traditionnelle du Myanmar comporte de nombreuses représentations d’animaux. Comme les deux cultures utilisent les mêmes figures, j’ai sélectionné celles qui étaient similaires dans les deux livres et les ai recréés avec mes propres mains. J’ai photographié chacune d’entre elles et les clichés ont ensuite été assemblés en un montage photographique. Ce dernier a été exposé aux Lokanat Galleries à Yangon en 2006. Lors de la pandémie de Covid-19, j’ai décidé de revisiter mes premiers travaux. Le tirage photo de Hunting & Dancing a été transformé en sculptures par le moulage des gestes de mes mains. J’ai ensuite collaboré avec un danseur traditionnel pour tourner une vidéo de performance mettant en scène les sculptures.
Depuis 2022, je suis artiste en résidence à la Rijksakademie d’Amsterdam, où j’ai entamé une collaboration avec la danseuse Liah Frank. Ensemble, nous avons créé une performance intitulée Nothing But Fingers, basée sur les étapes précédentes de Hunting & Dancing et sur les images que j’ai tournées au Myanmar. Liah et moi avons sélectionné neuf gestes chacun·e – certains sont identiques, d’autres différents – et avons composé Nothing But Fingers comme un entrelacement de pièces en solo. La danse est délicate et gracieuse, tandis que le son n’est que le sifflement de nos corps en mouvement, faisant de Nothing But Fingers une pièce méditative qui génère des représentations douces et fortes, uniquement par la trans-formation des doigts. »
Moe Satt, avril 2024
Moe Satt est un artiste et un conservateur né en 1983. Il vit et travaille à Yangon, au Myanmar. Ses œuvres traitent des gestes et du mouvement de la main. Son travail a été présenté dans plusieurs expositions collectives, notamment lors de la documenta 15 (2022), la Biennale Jogja XV (2019), Political Acts: Pioneers of performance art in Southeast Asia (2017), la CAFAM Biennale (2013) et la Busan Biennale (2012). Il s’est produit dans plusieurs festival dont Live Art Biennale, Zurcher Theater Spektakel, Festival Bo:m, Festival Tokyo, MOPE 16 Performance Festival, Room For Performance, Bildmuseet, Island Bar_Ratava, Taipei Performing Art Center. Il a été finaliste du Hugo Boss Asia Art Award pour les artistes asiatiques émergent·es en 2015. Il est actuellement artiste en résidence à la Rijksakademie (2022-2024).