MYRIAM GOURFINK

 ETALE

Samedi 24 septembre – 15h et 17h – 30 min

Rechercher les endroits du jardin où la nature est relativement envahissante. Insérer les corps des danseurs dans la végétation, pour offrir à l’œil de celui qui regarde des juxtapositions, superpositions créant formes et découpes, qui s’épanouissent et se désagrègent inexorablement.
Au contraire pour les deux musiciens (l’un à la vielle à roue, l’autre à la basse électrique) trouver des emplacements plus dégagés. Souligner leur présence en les asseyant par exemple sur des tabourets hauts. Leur donner dans l’espace le statut d’axes à partir desquels le son rayonne.
Entre la stabilité des musiciens et la mobilité des danseurs dans la masse végétale, l’espace se reconfigure perpétuellement doucement agité par une vie interne, donnant naissance à des apparitions insaisissables, qui s’évanouissent malgré l’apparente lenteur de la danse. Elles ouvrent pour l’auditoire un champ infini de projections, associations, émotions, interprétations possibles. Il n’y a pas une dramaturgie qui s’impose, il y en a autant que de spectateurs.

Les corps des danseurs sont protégés par un costume veste, pantalon, baskets en toile blanche. Surfaces destinées à être tâchées, salies, voire en fonction des espèces écorchées, déchirées. La végétation y laisse son emprunte.

Même si elles sont génératrices de sens pour le public, les relations entre les danseurs et la masse végétale sont purement spatiales et sensorielles. Les interprètes changent d’emplacements, orientations, distances. Ils s’imbriquent, s’éloignent tout en restant focalisés sur les indications du score. Ils lâchent prise et se laissent traverser par les émotions que la situation induit, mais paradoxalement ils conservent une certaine neutralité d’exécutant. Une partie d’eux-mêmes reste comme à distance, occupée par l’accomplissement de la partition.

Chorégraphie : Myriam Gourfink
Composition et live-electronics : Kasper T.Toeplitz pour une vielle à roue et une grosse caisse symphonique
Danse : Carole Garriga, Deborah Lary, Véronique Weil
Vielle à roue : Stevie Wishart
Grosse caisse symphonique et live-electronics : Kasper T. Toeplitz
Régie technique mise en son et lumières : Zakariyya Cammoun
Production : LOLDANSE, coproduction Nos lieux communs accueil en résidence : l’association Centre culturel de rencontre – Jean-Jacques Rousseau, EXTENSION SAUVAGE et le Château de la Ballue, Plastique Danse Flore
 L’association LOLdanse est soutenue par le ministère de la Culture et de la Communication, Drac Île- de-France, au titre de l’aide aux compagnies conventionnées.

MYRIAM GOURFINK  

Les techniques respiratoires du yoga fondent la démarche de Myriam Gourfink. L’idée est de rechercher la nécessité intérieure qui mène au mouvement. Guidée par le souffle, l’organisation des appuis est extrêmement précise, la conscience de l’espace ténue. La danse se fait lente, épaisse, dans un temps continu. Cette connaissance du mouvement et de l’espace permet de concevoir des chorégraphies sans phase d’exploration en atelier. Grâce à ce qu‘elle subodore d’une situation dansée, nul besoin de se mouvoir pour ressentir la danse : Les sens et l’intellect la reconstituent sans avoir besoin de l’action. Ainsi, comme les musiciens, elle a développé une écriture symbolique pour composer l’univers géométrique et l’évolution poétique de la danse.
Ayant étudié la Labanotation avec Jacqueline Challet Haas, elle a entrepris à partir de ce système une recherche pour formaliser son propre langage de composition. Chaque chorégraphie invite l’interprète à être conscient de ses actes et de ce qui le traverse. Les partitions activent sa participation : il fait des choix, effectue des opérations, fait face à l’inattendu de l’écriture, à laquelle il répond  instantanément.
Pour certains projets, les partitions intègrent au sein de l’écriture, des dispositifs (informatisés) de perturbation et re-génération en temps réel, de la composition pré-écrite : le programme gère l’ensemble de la partition et génère des millions de possibilités de déroulements. Les interprètes pilotent – via des systèmes de captation– les processus de modification de la partition chorégraphique, qu’ils lisent sur des écrans LCD. Le dispositif informatique est ainsi au cœur des relations d’espace et de temps. Il permet, au fur et à mesure de l’avancement de la pièce, la structuration de contextes inédits. 
Figure de proue de la recherche chorégraphique en France, mais également invitée par de nombreux festivals internationaux (Springdance à NYC, Künsten festival des arts à Bruxelles, Festival de La Bâtie à Genève, Festival Danças Na Cidade à Lisbonne, etc.) Myriam Gourfink a été artiste en résidence à l’IRCAM en 2004-2005 et au Fresnoy-studio national des arts contemporains en 2005 2006. De janvier 2008 à mars 2013 elle a dirigé le Programme de recherche et de composition chorégraphiques (PRCC) à la Fondation Royaumont. De 2012 à 2015 elle a été artiste en résidence au Forum de Blanc-Mesnil et  est accueillie en résidence de saison 2015-2016 par Micadanses.